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Chapitre XIII

Publié le par Amelia


Chapitre XIII

Le corps de la jeune femme, rongé par la maladie, accueillit le sang miraculeux tel un douloureux remède, brûlant chaque partie souffrante de ses organes internes et les régénérant de chair neuve, mais avide de sang frais. Après avoir bu tout le sang que son estomac put contenir, elle tomba sur le parquet en se convulsant violemment. Grégoire la rejoignit pour l'aider, s'assit et lui maintint la tête sur ses genoux, lui murmurant des paroles réconfortantes. La douleur était insupportable mais elle voulait la surmonter, elle savait qu'elle pouvait être assez forte. Elle tint le coup durant de longues minutes qui lui parurent interminables. Puis les convulsions cessèrent d'un coup. Grégoire la souleva, la porta à bout de bras, l'amena dehors, à l'arrière de la bâtisse et la déshabilla. Elle se laissa faire sans rechigner.
- Pardonnez-moi de faire cela, mais votre corps va rejeter tout ce qui ne lui sera plus utile, vous allez être souillée. Je suis désolée de ne pas vous avoir révélé ce détail plutôt abject, mais ce n'est que passager, rassurez-vous.
Effectivement, quelques secondes après ses paroles elle vomit, non pas le sang qu'elle avait ingurgité, car il avait déjà imprégné chacune des parcelles de son corps, mais son propre sang, mêlé à des restes de nourritures et de chairs malades. Puis ses intestins vidèrent les mêmes déchets répugnants par ses orifices intimes. Elle était accroupie, sur l'herbe fraîche, seule douceur dans ce moment avilissant qui fut encore plus horrible à supporter que ses convulsions. Au bout d'une heure, ses interminables souffrances s'arrêtèrent enfin. Elle était au bord de l'évanouissement tant son corps s'était épuisé. Elle s'allongea dans la pelouse, à bout de forces, Grégoire enleva sa veste et, en bras de chemise, entreprit de la soulever de nouveau pour la porter jusqu'à la fontaine, au centre de l'immense jardin à la française, afin de nettoyer son pauvre corps malpropre. Il la plongea délicatement dans l'eau, tel un enfant qu'on baptise. Elle s'assit, l'eau lui arrivait sous le menton. La réconfortante fraîcheur de celle-ci apaisa son corps brûlant de la fièvre due à la transformation. Elle s'immergea entièrement pour effacer toutes traces de souillures. Il L'aida à se laver, passant amoureusement ses doigts sur son visage et dans ses cheveux. Sa température semblait déjà tomber grâce à la fraîcheur du liquide et de cette nuit automnale. La tête lui tournait, elle ferma les yeux un moment, puis, en les rouvrant sembla être dans un monde totalement nouveau. La vénus de pierre au centre de la fontaine semblait iridescente dans l'air nocturne, le jardin et la forêt au loin, qui lui avaient paru si sombre en arrivant à l'extérieur, se présentèrent presque aussi visible qu'en plein jour. Elle pouvait distinguer chaque détail et déclinaisons de couleurs des fleurs et branches alentours, autant que celles à plusieurs mètres de distance. Enfin, elle posa son regard sur Grégoire, sa peau lui semblait transparente et elle pouvait distinguer ses veines à travers celle-ci. Ses yeux, quant à eux, étaient presque totalement blancs et elle vit une sorte de fumée opalescente au fond d'eux. Puis, cette vision s'estompa en quelques secondes pour laisser place au visage cristallin sans une imperfection.
- J'ai vu... Je vois... Comme à l'intérieur de vous. C'est sublime et effrayant! Comment cela se fait-il?
- Vous vous êtes transformée, tous vos sens sont plus forts à présent, ainsi que votre corps. Vous apprendrez à maîtriser toutes ces nouveautés avec le temps. Comme vous venez de le constater, vous pourrez distinguer l'essence même d'une personne. Vous allez bientôt ressentir une faim des plus intenses, vous devrez déjà choisir de quoi vous nourrir. Vous pourrez commencer par des animaux comme je vous l'ai expliqué, sachant que vous serez plus faible , votre force et votre énergie seront diminuées, vous aurez une sensation permanente d'être affamée, mais vous pourrez vivre quelques années ainsi. Une vie humaine, à l'inverse, vous rassasiera plusieurs mois et vous procurera un semblant de vie qui vous régénèrera et vous apaisera. Je comprendrais qu'il vous faille du temps pour concevoir de tuer un humain, même si vous devrez absolument y venir un jour. Que décidez-vous?
A peine remise de sa transformation, elle devait déjà prendre une importante décision.
- Je ne veux pas être un fardeau pour vous. Je pourrai prendre une vie, cela ne me dérangera aucunement, et, Dieu sait que les personnes méritant la mort sont nombreuses, tout comme celles qui la souhaite avidement sans jamais oser se la donner. Je ne ferai que répondre à leurs prières!